VILLE DE REFUGE


Cette rubrique concerne la souffrance. Tous nous souffrons. Quel sens donner à nos souffrances en tant que chrétiens? Est-ce normal de souffrir ? L'épreuve et la souffrance sont-ils le signe que nous ne sommes pas bénis de Dieu ?


« Qui dira qu'une chose arrive, sans que le Seigneur l'ait ordonnée? N'est-ce pas de la volonté du Très-Haut que viennent les maux et les biens? » (Lamentations de Jérémie 3 : 37-38)

 « Un saint éprouvé, comme un diamant bien taillé, étincelle considérablement dans la couronne du Roi. » ( Ch. Spurgeon)  

 

LA GESTION SPIRITUELLE DE LA SOUFFRANCE : 

POINTS DE REPERE

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(Cette étude sur la souffrance est un chapitre extrait du livre "Ta souffrance peut devenir féconde" (Auteur : Pasteur Philippe Auzenet-  Ce livre est protégé par un copyright. Tous droits de reproduction interdits sans l'autorisation de l'auteur.) Pour commander ce livre, passer par le site : http://www.philippe-auzenet.com

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Dans la Bible, 135 versets empreintent le mot souffrance, 82 le mot douleur, 143 le mot épreuve, 77 le mot peine, 66 le mot persécution. Le Nouveau Testament utilise une douzaine de termes grecs différents pour exprimer l’idée de la souffrance. Parmi ceux-ci, on trouve :

·        être mis à l’épreuve

·        endurer l’adversité

·        persévérer

·        supporter

·        rester dessous

·        souffrir injustement

·        être frustré

·        endurer la persécution, l’affliction

  

Les souffrances ont parfois une finalité

 La Bible semble répertorier plusieurs sortes de souffrances, et mettre en valeur leurs possibles conséquences bénéfiques et constructives : 

§         les souffrances qui ont un but formateur

 Elles développent les facultés et aptitudes physiques, intellectuelles, morales, spirituelles. Elles éduquent, façonnent par l’instruction, entraînent. Leur but est notre croissance. Elles sont comme un engrais dans notre vie. 

« Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'il porte encore plus de fruit. »  (Jean 15:2)  

« Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse, et non de joie; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice. «  (Hébreux 12:11)

             Il m’est quelquefois arrivé de dire à une personne que je connaissais bien, et qui était venue me rencontrer lors d’un entretien, afin d’évoquer avec moi ses graves difficultés :

- « Mais c’est tout simplement extraordinaire ces épreuves, voilà qui est annonciateur de belles et grandes choses dans ta vie ! ». 

Ce ne sont pas des paroles que je prononce à la légère, mais seulement après m’être assuré de leur bien-fondé dans la vie personnelle de mon interlocuteur. Et en effet, certains enfants de Dieu traversent une fournaise d’épreuves dont le seul but est la formation, et nous devons le discerner. Ils n’ont pas péché, ils ne sont pas rétrogrades, ils sont tout simplement des passionnés pour Jésus. Les épreuves, dans leur vie, sont le signe d’une vie toute entière consacrée, livrée à Dieu. 

- « Cette fournaise d’épreuves est le signe que la consécration de ton âme a plu à Dieu, que tu vis dans l’obéissance à Sa Parole, et que Dieu – en conséquence – te prépare et te forme à être davantage utilisé par Lui ! Alors Il a besoin de t’apprendre des leçons essentielles en te faisant passer par ces souffrances actuelles, dont le but est de te faire croître spirituellement ». 

Ø      « Tout sarment qui porte du fruit » : c’est une nouvelle encourageante, une bonne nouvelle qui montre que le sarment est en pleine santé…, et en même temps c’est la reconnaissance d’un bon travail déjà accompli. 

Ø      « Dieu l’émonde » : il y a donc passage obligé et difficile par la souffrance, par la volonté du Maître, pendant un certain temps. Le but est d’enlever ce qui gêne, et ça fait mal. 

Ø      « afin qu’il porte encore plus de fruit » : voilà une seconde bonne nouvelle à cause de laquelle il faut absolument persévérer ! Le but de l’émondage est une récolte abondante de fruits l’année suivante. 

A ce bon élève, je donne les conseils suivants : 

-         « Garde les yeux fixés sur Jésus, ne te culpabilise pas, et prépare-toi, après cette période turbulente de ta vie, à porter encore plus de fruit selon tes prières ». 

En général, la personne ressort de l’entretien renouvelée, encouragée, pleine de force pour traverser ces moments difficiles, en étant convaincue que c’est une bénédiction qu’elle est en train d’enfanter malgré ses souffrances. A la tristesse succède la joie.

 

§         les souffrances qui ont un but préventif 

Les mesures préventives ont pour but de prévenir d’un danger, d’un risque, d’un mal, pour l’empêcher de subvenir (du latin praeventio : action de devancer). Elles peuvent prendre la forme d’événements contraires, d’oppositions brutales, d’empêchements soudains, de revirements brusques et imprévus, dans une situation donnée. 

Ainsi, les difficultés traversées par les occupants du navire sur lequel avait embarqué Jonas, avaient un rôle préventif : le pilote, face à la tempête menaçante, prit la décision de réunir tous les voyageurs, pour découvrir qui attirait de tels problèmes dans la navigation, et l’origine de cette tourmente si dangereuse pour leur vie. Jonas fut désigné par le sort comme l’unique responsable, et jeté par dessus bord : l’océan redevint calme. 

« Et ils se dirent l'un à l'autre: Venez, et tirons au sort, pour savoir qui nous attire ce malheur. Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Jonas. Alors ils lui dirent: Dis-nous qui nous attire ce malheur. Quelles sont tes affaires, et d'où viens-tu? Quel est ton pays, et de quel peuple es-tu? » (Jonas 1 : 7-8) 

Dieu peut ainsi nous faire traverser des souffrances préventives, afin de nous avertir de dangers, ou de nous orienter tout simplement différemment, pour notre seul bien. Ce fut le cas de Noé, prévenu par Dieu d’un déluge terrible qui allait tout submerger. Durant une longue période il travailla très dur à la construction de son arche, sous les moqueries de son entourage qui passait son temps à se divertir et à se saoûler…

Il devint un merveilleux instrument de sauvetage pour toute sa famille et pour les animaux. C’est grâce à lui que les races humaine et animale se sont perpétuées. 

« C'est par la foi que Noé, divinement averti des choses qu'on ne voyait pas encore, et saisi d'une crainte respectueuse, construisit une arche pour sauver sa famille; c'est par elle qu'il condamna le monde, et devint héritier de la justice qui s'obtient par la foi. »  (Hébreux 11:7)  

 

§         les souffrances qui exercent une correction 

Leur but est de faire disparaître les erreurs, les défauts, de rectifier, de rendre correct, d’améliorer. Ces souffrances sont un instrument dans la main de Dieu, afin de nous aider à nous sanctifier. En tant qu’enfants de Dieu, nous sommes quelquefois corrigés, châtiés par notre Père céleste, au même titre que des parents corrigent leur fils ou leur fille :  

« Supportez le châtiment: c'est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu'un père ne châtie pas? » ( Hébreux 12:7) 

« Nos pères nous châtiaient pour peu de jours, comme ils le trouvaient bon; mais Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté. »  (Hébreux 12:10) 

« Lève-toi, et descends dans la maison du potier; là, je te ferai entendre mes paroles. Je descendis dans la maison du potier, et voici, il travaillait sur un tour. Le vase qu'il faisait ne réussit pas, comme il arrive à l'argile dans la main du potier; il en refit un autre vase, tel qu'il trouva bon de le faire. Et la parole de l'Eternel me fut adressée, en ces mots : ne puis-je pas agir envers vous comme ce potier, maison d'Israël? dit l'Eternel. Voici, comme l'argile est dans la main du potier, ainsi vous êtes dans ma main, maison d'Israël! (Jérémie 18 : 2 à 6) 

« Avant d'avoir été humilié, je m'égarais; maintenant j'observe ta parole. »  (Psaume 119:67) 

Nous n’aimons pas, les uns et les autres, être corrigés, disciplinés par Dieu ou par nos frères et sœurs en Christ. La correction nous humilie et nous semble surtout être la preuve d’un manque d’amour de la part de celui qui nous corrige. Par la suite nous comprenons enfin que l’autre recherchait notre bien… 

La correction fait partie des méthodes par lesquelles Dieu veut nous bénir, en nous rendant davantage capables d’accomplir Son œuvre. Le but est que nous participions davantage à Sa sainteté. Un enfant, un apprenti, un élève, un étudiant, un disciple du Seigneur ont besoin de passer par la correction. Pour nous améliorer, il nous faut accepter d’être corrigés, purifiés. Cela fait mal, mais nous en ressortons bonifiés. Nous sommes l’argile dans la main du potier.

  

§         les souffrances destinées à nous éprouver, nous tester 

Leur but est de nous mettre à l’épreuve, de vérifier nos qualités et notre valeur, de nous mettre en difficulté dans le but de faire apparaître notre résistance et notre courage, de nous faire passer un test. Ainsi notre valeur réelle se dégage et est ensuite solidifiée et reconnue. 

Quelle est la valeur d’un test ? quelle est la valeur d’un « bac blanc » ? C’est de nous montrer notre niveau réel, afin que nous puissions encore le cas échéant, grandir et nous perfectionner avant l’épreuve finale. 

Dieu procède ainsi avec Ses enfants, et leur fait traverser des épreuves qui n’ont comme seul but que de leur montrer leur niveau réel d’endurance, de persévérance, de compréhension, et de mise en pratique, afin qu’ils reconnaissent la nécessité de se former et de se perfectionner encore par la suite, et qu’ils approfondissent leurs racines. 

« Souviens-toi de tout le chemin que l'Eternel, ton Dieu, t'a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t'humilier et de t'éprouver, pour savoir quelles étaient les dispositions de ton cœur et si tu garderais ou non ses commandements. » (Deutéronome 8:2)

« Cependant, lorsque les chefs de Babylone envoyèrent des messagers auprès de lui pour s'informer du prodige qui avait eu lieu dans le pays, Dieu abandonna Ezéchias pour l'éprouver, afin de connaître tout ce qui était dans son cœur. »  (2 Chroniques 32:31)  

« Moi, l'Eternel, j'éprouve le cœur, je sonde les reins, pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses oeuvres. »  (Jérémie 17:10)  

« Je t'ai mis au creuset, mais non pour retirer de l'argent ; je t'ai éprouvé dans la fournaise de l'adversité. » (Esaïe 48:10) 

« Voici les nations que l'Eternel laissa pour éprouver par elles Israël, tous ceux qui n'avaient pas connu toutes les guerres de Canaan. » (Juges 3:1) 

« Ceux qui sont sur le roc, ce sont ceux qui, lorsqu'ils entendent la parole, la reçoivent avec joie; mais ils n'ont point de racine, ils croient pour un temps, et ils succombent au moment de la tentation. »  (Luc 8:13) 

  

§         les souffrances qui ont un rôle avertisseur 

Avertir c’est informer, signaler, faire savoir, attirer l’attention, appeler à la prudence, faire une remontrance, une réprimande dans ce but. 

Dieu se permet quelquefois de nous prévenir, de nous avertir de quelque chose, en nous faisant passer par des épreuves qui auront la fonction d’ouvrir les yeux de notre entendement, d’affiner notre discernement, de nous préparer, de nous rendre ouverts et sensibles à ce qui va suivre. Ainsi une petite persécution de la part d’un frère peut nous former et nous préparer à résister sans faillir à d’autres persécutions plus graves, plus viles, plus perverses, dans lesquelles nous devrons garder la tête haute et ne surtout pas répondre. 

Dieu peut aussi, lorsque nous commettons une erreur, un péché, une faute, nous avertir par des épreuves, de ne surtout pas aller plus loin, car sinon nous nous brûlerions, et nous aurions des difficultés difficilement surmontables :                                                                                                                                     

 « Mais Dieu sauve le malheureux dans sa misère, et c'est par la souffrance qu'il l'avertit. »  (Job 36:15) 

« Car le précepte est une lampe, et l'enseignement une lumière, et les avertissements de la correction sont le chemin de la vie. »  (Proverbes 6:23)  

 « Ecoute, mon peuple! et je t'avertirai ; Israël, puisses-tu m'écouter! »  (Psaume 81:8) 

A notre tour, nous devons avertir avec douceur ceux qui s’éloignent de Dieu, ou qui tombent dans le péché, en les exhortant et en les reprenant, ce qui entraînera peut-être aussi quelques souffrances relationnelles dans leur vie à cause de nous, mais les sauvera certainement de conséquences plus graves : 

 « Nous vous en prions aussi, frères, avertissez ceux qui vivent dans le désordre, consolez ceux qui sont abattus, supportez les faibles, usez de patience envers tous. »  (1 Thessaloniciens 5:14)  

« Vous donc, bien-aimés, qui êtes avertis, mettez-vous sur vos gardes, de peur qu'entraînés par l'égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté. »  (2 Pierre 3:17)

  

§         les souffrances qui revêtent le caractère d’une sanction

Il est toujours difficile de parler de ce genre de souffrances. Mais il faut cependant courageusement évoquer la question ici, et ne pas « se voiler la face ». Leur but est de châtier pour une faute, d’infliger une peine, une sanction, une pénalité, de faire subir un mal, un désagrément à quelqu’un à cause de sa conduite, et de réprimer. Dieu ne punit pas volontiers, Il est miséricordieux et use de patience envers nous. Il nous laisse le temps de la réflexion, afin que nous trouvions des solutions de changement. Si la souffrance nous atteint cependant à ce sujet, c’est peut-être parce que nous avons brûlé tous les feux « orange » et les feux « rouge ». Nous n’avons pas voulu écouter les avertissements successifs de Dieu et de notre entourage, nous nous sommes endurcis, au risque d’entraîner d’autres dans notre péché. Alors Dieu est intervenu pour mettre un terme à notre comportement, et pour protéger notre entourage. 

« Car ce n'est pas volontiers qu'il humilie et qu'il afflige les enfants des hommes. » (Lamentations 3:33)  

« Ainsi parle l'Eternel : ta blessure est grave, ta plaie est douloureuse. Nul ne défend ta cause, pour bander ta plaie; tu n'as ni remède, ni moyen de guérison. Tous ceux qui t'aimaient t'oublient, aucun ne prend souci de toi ; car je t'ai frappée comme frappe un ennemi, je t'ai châtiée avec violence, à cause de la multitude de tes iniquités, du grand nombre de tes péchés. Pourquoi te plaindre de ta blessure, de la douleur que cause ton mal? C'est à cause de la multitude de tes iniquités, du grand nombre de tes péchés, que je t'ai fait souffrir ces choses. » (Jérémie 30 : 12 à 15) 

« C'est pourquoi je te frapperai par la souffrance, Je te ravagerai à cause de tes péchés. » (Michée 6:13) 

« Un homme qui mérite d'être repris, et qui raidit le cou, sera brisé subitement et sans remède. » (Proverbes 29:1) 

« Dieu qui conserve son amour jusqu'à mille générations, qui pardonne l'iniquité, la rébellion et le péché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit l'iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération » (Exode 34:7)   

« Quels châtiments nouveaux vous infliger, quand vous multipliez vos révoltes? La tête entière est malade, et tout le cœur est souffrant. » (Esaïe 1:5) 

« Alors Pierre lui dit: Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l'Esprit du Seigneur? Voici, ceux qui ont enseveli ton mari Ananias sont à la porte, et ils t'emporteront. Au même instant, Saphira tomba aux pieds de l'apôtre, et expira. Les jeunes gens, étant entrés, la trouvèrent morte; ils l'emportèrent, et l'ensevelirent auprès de son mari. Une grande crainte s'empara de toute l'assemblée et de tous ceux qui apprirent ces choses. » (Actes 5 : 9 à 11)

            Un châtiment, une punition à cause du péché a pour but d’abaisser le coupable, de l’humilier, de lui montrer sa fragilité et son égarement, pour le faire parvenir à la repentance et au changement. Mais, ne l’oublions jamais, il n’y a aucun désir de destruction dans le cœur de Dieu lorsqu’Il nous fait passer par un châtiment à cause de notre mauvaise conduite. Son but est toujours de nous relever ensuite, si cela est encore possible : 

« Dis-leur: je suis vivant! dit le Seigneur, l'Eternel, ce que je désire, ce n'est pas que le méchant meure, c'est qu'il change de conduite et qu'il vive. Revenez, revenez de votre mauvaise voie; et pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël? (Ezéchiel 33:11) 

« Car le jugement est sans miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement. » (Jacques 2:13) 

Dieu ne veut pas notre souffrance, mais lorsqu’elle fait son apparition, Il sait toujours la changer en bien dans notre vie.

 

Apprentissage de l’obéissance et aptitude à souffrir sont liés

             L’obéissance, qui est le fait de se soumettre volontairement à un supérieur, un maître, un responsable, un formateur, met souvent ses pas dans les empreintes de la souffrance. L’on peut même dire qu’obéissance et souffrance sont deux compagnons de vie qui se côtoient parfois avec une certaine connivence.

         En voici un exemple parmi d’autres. Lorsque j’apprends à conduire, ce qui est vraiment éprouvant, je traverse un stress désagréable, des instants de découragement, et quelquefois des envies de tout abandonner. J’ai un but merveilleux à atteindre : savoir conduire seul une voiture. Mais je suis quelquefois piégé par mes erreurs de conduite, je panique, tout est souvent à recommencer et les remarques du moniteur m’humilient. « Je n’y arriverai jamais ! ce moniteur est trop exigeant ». L’apprenti,  le bachelier, le salarié, le sportif, le montagnard, qui contemplent avec angoisse les hauts sommets qu’ils désirent atteindre, vivent la même difficulté. Tout leur travail génère des sursauts de souffrance, qu’ils acceptent cependant de traverser en « serrant les dents » car ils désirent progresser et remporter la victoire. 

            La vie chrétienne est une vie d’engagement, de travail, d’efforts, de lutte, de soumission et d’obéissance. Ce n’est pas une vie naturellement facile. C’est un apprentissage constant, qui réclame des renoncements, des remises en question, des brisements, mais qui nécessite surtout le fait d’accepter de passer par la souffrance, au quotidien, et d’en tirer des leçons. Cette acceptation est indispensable. Et c’est peut-être sur ce point « que le bât blesse ». Je connais des chrétiens qui –des années après leur conversion- n’ont toujours pas accepté dans leur fort intérieur, de passer par la souffrance. A cause de ce refus ils sont en perpétuelle régression spirituelle. Ils ont un blocage important dans leur vie, et n’en connaissent pas toujours les raisons : alors ils demandent la prière, vont de remède-miracle en remède-miracle, mais sans jamais trouver la délivrance, et on comprend pourquoi. Ils sont comme une outre pleine qui demande à être remplie : il faudrait d’abord la vider. 

 

Pourquoi nous n’acceptons pas de souffrir en tant que chrétien

         L’obéissance à la Parole, le renoncement à nous-même, les épreuves, le jeûne, la lutte contre la tentation et la résistance aux attaques spirituelles du malin suscitent presque toujours de nouvelles souffrances dans nos vies, qui se rajoutent à celles qui nous sont purement humaines et personnelles. Pourquoi avons-nous quelquefois une telle incapacité à accepter et intégrer ces souffrances supplémentaires ? les raisons sont peut-être inconscientes et liées à notre mauvais fonctionnement interne… En voici des exemples : 

§         nous avons tellement souffert dans notre passé, que nous sommes devenus hypersensibles à la douleur, au point de devenir ensuite hermétiques à toute souffrance supplémentaire : nous ne pouvons et ne voulons plus traverser aucune épreuve, à cause de nos blessures qui « saignent » abondamment, et perturbent notre vie quotidienne en prenant toute la place. A quoi bon en rajouter d’autres ?

La solution, si nous évoluons dans ce profil, serait de parler à fond de nos souffrances passées, en toute confiance, avec un accompagnateur chrétien, afin de les extérioriser et de les déposer avec lui, une par une, au pied de la Croix. Extérioriser notre douleur et nous laisser accompagner au travers d’une prière de guérison nous permettra de retrouver la paix et de nous ouvrir au rôle bienfaisant de la croix dans notre vie. Ceci peut se faire au travers de plusieurs entretiens. 

§         nous avons peut-être une conception déformée de la vie chrétienne, en recherchant le plaisir spirituel, le bien-être plus que Dieu Lui-même. Tout ce qui ne favorise pas notre contentement spirituel, nous l’éradiquons, car nous pensons que ce n’est pas selon la volonté de Dieu. La souffrance, nous l’éradiquons aussi. C’est en partie de l’égoïsme, lié à une mauvaise compréhension de la Parole de Dieu. Solution : approfondir notre conversion, notre amour pour Dieu, notre connaissance des Saintes Ecritures. Nous laisser enseigner et reprendre. Faire l’apprentissage du don de soi et du sacrifice. 

§         nous n’avons pas compris le rôle formateur et purificateur de la souffrance. A la rigueur, nous accepterions de nous former et de croître, mais à une autre école… pas celle de l’abaissement et du renoncement, qui est douloureuse. 

§         la moindre souffrance nous fait si mal, que nous fuyons immédiatement dans le plaisir pour compenser la douleur, selon une habitude bien ancrée dans notre comportement. Nous tombons alors dans le cycle alternatif « souffrance-plaisir/souffrance-plaisir », qui à la longue nous rend instable, inconstant, proche d’un état schizoïde, et totalement dépendant de plaisirs addictifs : drogue, alcool, sexe, nourriture, argent, petits plaisirs… Pour progresser et guérir, nous aurions besoin d’une repentance, mais aussi de renforcer notre aptitude à souffrir, en ayant une relation de confiance avec Dieu, et un recours à Sa force pour compenser la douleur . Nous aurions aussi besoin d’entretiens de relation d’aide avec un accompagnateur, pour découvrir les racines de notre incapacité à gérer la souffrance, et du pourquoi du réflexe de compensation par le plaisir immédiat. 

§         en tant que chrétien, nous pensons peut-être que la souffrance est totalement injuste, inutile, destructrice pour notre vie spirituelle, diabolique, et en conséquence nous faisons la sourde oreille ou prions immédiatement pour en être totalement délivré : bien entendu nous ne sommes pas exaucés par Dieu… 

§         nos formateurs nous ont parfois mal enseignés : ils nous ont appris la voie de  la guérison, de la délivrance, de la réussite, de la victoire, mais n’ont pas abordé le descriptif de ce qui borde ce chemin de bénédiction : le renoncement à soi-même, le rôle de la Croix, les souffrances du service, et parfois les échecs, les rechutes, la persécution. Apprendre à souffrir dans la sérénité et en paix est aussi une victoire, et il faut l’enseigner au peuple de Dieu ! Sinon ce dernier se décourage et pense se tromper en s’engageant avec Dieu. 

§         « Dieu ne m’aime pas, car j’ai mal ». Nous assimilons l’amour de Dieu à un amour émotionnel qui suscite un bien-être sensible exclusivement, et lorsque nos émotions et nos raisonnements sont contraires et enregistrent la douleur, nous pensons que notre épreuve ne peut en aucun cas être issue de l’amour que Dieu nous porte. Alors nous attribuons au diable et aux démons tout ce qui nous arrive, et nous « lions » l’épreuve elle-même, en ordonnant à la bénédiction de descendre à sa place. Curieuse habitude ! 

§         nous avons reçu une éducation douillette, avons été « cocolé », avons été habitué en tant qu’enfant, à ne jamais souffrir, et à recevoir un remède immédiatement à chaque bobo ; pas étonnant que, devenu chrétien, nous ayons le réflexe de ne jamais vouloir renoncer à nous-même ! 

§         nous avons peur de la souffrance, car elle nous conduit dans des expériences que nous n’aurions pas désiré vivre : elles font mourir notre volonté propre, nos désirs charnels, notre idéal, au profit d’une vie « d’aventures » dont nous ne connaissons pas les aboutissants. 

Il y a de nombreuses autres raisons, dont nous devrons découvrir les racines, qui font qu’individuellement nous empêchons la souffrance de faire son œuvre en nous. Cette œuvre, elle est pourtant magnifique, elle consiste à faire grandir notre maturité spirituelle et humaine, et à nous faire parvenir à l’état d’homme fait[1] ». 

 

Pas facile de rester docilement sous le joug 

« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions[2], car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. » (Matthieu 11 : 28 à 30)

 

            Un joug, c’est une lourde pièce de bois que l’on fixe sur le cou de deux animaux pour les relier ensemble, afin qu’ils puissent se mouvoir dans la même direction, et acquérir davantage de force de traction. L’image que Jésus utilise dans cet enseignement est ingénieuse :

 

·        le joug, c’est le lien d’obéissance et de soumission que nous avons avec Jésus et avec le Père, c’est notre attachement définitif à Dieu et à Sa Parole, et qui nous permet de « marcher par l’Esprit ».

·        le fardeau, c’est la charge des problèmes que nous rencontrons et gérons lorsque nous vivons dans l’obéissance : notre chair qui résiste, notre entourage qui nous freine, la tentation qui nous assaille, la persécution de « frères bien intentionnés », les soucis de la vie, les attaques du malin. Ce sont aussi les soucis relatifs à tout de ce que nous accomplissons en Son Nom, pour faire Sa volonté. Par exemple, la charge des âmes et les difficultés relatives à notre ministère, si nous avons un appel de Dieu sur notre vie.

 

Si nous nous attachons volontairement sous le joug aux côtés de Jésus, alors non seulement la force de traction sera multipliée d’une manière surnaturelle, mais nous pourrons plus facilement suivre la même direction que Lui. Nous serons en conséquence moins « fatigués et chargés ». Dans Sa présence nous recevrons aussi Ses instructions si utiles.

 

 

Mais Seigneur, ton joug est rugueux, ton fardeau pesant

 

            Jésus affirme : « Mon joug est doux, mon fardeau léger ». Mais souvent nous ne l’entendons pas de cette oreille ! Réellement, nous pensons : « Seigneur, ton joug est rugueux et blessant, ton fardeau est pesant et difficile à porter ». C’est en effet ce qui peut se passer dans la réalité de notre vécu quotidien, et en voici les raisons : au lieu de rester bien docilement courbé sous le joug, en nous laissant entraîner dans la même direction que celui qui est à côté de nous (Jésus) et en tirant la même charge, nous nous débattons, et nous tirons dans tous les sens pour aller seulement où nous voudrions aller… pas étonnant alors que la peau de notre cou soit écorchée, et que nous pensions que le joug est rugueux ! 

 

Lui, Jésus, tire dans la direction qui lui semble être la bonne pour le bien de notre âme, et pour Sa gloire. Nous, nous tirons dans une autre direction, celle qui nous semble être bonne pour nous, et qui apporte du bien-être à notre chair et à notre gloire spirituelle. Dieu, Lui, a pour nous une vision spirituelle à long terme ; nous, nous l’avons à court terme. Il ne prend pas les mêmes décisions que nous pour notre orientation : il ne nous fait donc pas suivre la même direction que celle que nous voudrions prendre !

 

            Le fardeau de Jésus est léger. « Ah non, Seigneur, ton fardeau est lourd ! je n’arrive plus à le tirer ! ». J’ai déjà personnellement assisté à une émission télévisée « Interville », durant laquelle une épreuve était réalisée par des hommes très musclés qui tiraient de gros camions, grâce à une corde qu’ils attachaient entre leurs dents. Les premiers centimètres étaient les plus difficiles : que de douleurs. Mais une fois le camion mis en mouvement, cela devenait moins ardu. Eh bien il en est de même dans notre vie spirituelle : si au lieu de stationner, nous avançons avec Dieu, les premiers pas d’obéissance nous sembleront les plus difficiles. Mais passés les premiers efforts, l’obéissance deviendra une habitude tout à fait supportable et non un fardeau. Notre vie spirituelle sera en mouvement.

 

Alors nos soucis, nous apprendrons à nous en décharger quotidiennement, et ils deviendront plus légers. Nos péchés, nous apprendrons à nous en repentir chaque jour, ils auront moins d’emprise et seront moins fréquents. Les attaques de l’adversaire, les persécutions, nous les repousserons avec plus d’énergie, car nous vivrons dans un style de vie où nous serons devenus plus vigoureux spirituellement. Les charges relatives au service de Dieu, nous les Lui donnerons à porter, au lieu de multiplier de vains efforts solitaires et épuisants. Mais surtout, nous nous habituerons à laisser à Jésus l’initiative de prendre la bonne direction, de tirer le poids, d’activer le mouvement. Nous recevrons ses instructions, car Jésus, placé à quelques centimètres de notre oreille sous le joug, pourra nous parler discrètement. Nous fixerons nos regards, non sur le joug, non sur la charge à tirer, mais sur Jésus, notre Sauveur et Seigneur, notre collaborateur sous le joug !

 

 

Stationner avec joug et fardeau : éreintant !

 

            Beaucoup de chrétiens désirent suivre Jésus mais stationnent spirituellement, et passent leur temps à regarder sur les côtés ou en arrière, ils n’avancent plus. Il font du sur place. Pas étonnant que la charge de leurs problèmes soit si lourde, pas étonnant que le joug de la Parole soit si blessant dans leur vie, et les rende amers ! Entrer dans une bénédiction épisodique est devenu une corvée, une tâche harassante qui les laisse sans force, car il faut tirer la charge tout seul.

 

« Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi selon l'Esprit. »  (Galates 5:25) 

 

J’aime prendre l’exemple d’un conducteur de grue, qui durant ses heures de travail, ne ferait que la regarder sans jamais la faire fonctionner. Sa grue, si imposante soit-elle, deviendrait inutile, encombrante, dangereuse en cas de tempête, elle rouillerait au fil des années et serait bonne pour la casse. La vie de certains chrétiens ressemble à cette grue massive devenue inutile. Ils sont devenus des chrétiens théoriques et religieux, incapables de se mouvoir spirituellement, de « tirer » et de « porter » les autres. Ils ressemblent à ce serviteur qui avait enterré son talent dans la terre. 

 

Et si nous recevions le bénéfice de l’obéissance ? 

Certains chrétiens n’ont pas réellement appris à souffrir, et à recevoir en conséquence le bénéfice de l’obéissance. Ce bénéfice dans nos vies, c’est d’abord la stabilité de notre vie spirituelle, et son approfondissement perpétuel. C’est aussi l’accomplissement des promesses de Dieu contenues à l’intérieur de Sa Parole, c’est la réalisation effective du plan de Dieu, l’onction du St-Esprit qui descend, Sa grâce qui nous accompagne partout où nous allons, c’est la paix, la joie et la sérénité qui s’installent dans notre cœur. Dans une entreprise, pour récolter un bénéfice il faut travailler, accepter de souffrir, prendre sur soi et se sacrifier. 

Si en tant que chrétiens engagés nous restons englués dans nos problèmes, en passant notre temps à intercéder, à prier Dieu pour qu’Il les solutionne ou les enlève, et que parallèlement nous ne nous plaçons pas sous le joug de l’obéissance avec Jésus comme compagnon de route, alors nous manquerons l’essentiel, et nous conserverons le poids de nos fardeaux. Nous resterons exclusivement dans une sphère personnelle et égoïste, en protégeant notre indépendance, et en tournant en rond. Je suis sûr que Dieu aimerait nous dire : « Mon enfant, mets-toi sous le joug, et avance, avance en ligne droite, fais quelques pas avec Moi dans la bonne direction, et tu verras que tout se transformera, ton fardeau deviendra léger, et ton joug sera très doux ! C’est à toi de faire le premier pas ! et alors tu auras la solution à tes problèmes ». 

« Jésus a appris, bien qu'il fût Fils, l'obéissance par les choses qu'il a souffertes »  (Hébreux 5:8) 

 

La tendance au murmure

 Tous, à un moment donné de notre parcours avec Dieu, nous avons très mal supporté un choc brutal, un traumatisme, une mauvaise nouvelle, une parole injuste, l’apparition brutale d’une maladie, la prolongation d’une série de souffrances, et à la longue, nous avons murmuré devant Lui. Nous avons craqué, nous sommes révoltés en faisant des reproches à Dieu. Cette prière en forme de S.O.S. en est un exemple : 

« Seigneur, c’en est trop, j’ai trop mal, je n’en peux plus…

Tu ne me veux pas que du bien, j’en suis sûr, et d’ailleurs,

Tu me plonges toujours dans l’épreuve.

Tu ne m’aimes pas, tu ne me bénis pas, ces souffrances en sont la preuve,

et cependant Tu protèges et tu bénis les autres !

Tu ne me délivres pas : tu ne veux pas me délivrer,

Tu veux ma souffrance et certainement ma chute.

Tu es un vrai père fouettard qui aime me faire souffrir ! 

Tu n’as aucunement pitié de moi, tu es injuste envers moi,

Tu aurais pu permettre que je ne souffre pas,

Tu n’as rien fait pour empêcher les choses qui m’accablent,

Au contraire, elles semblent se multiplier dans Ta main. 

Tu vas trop loin avec moi, Tu ne connais pas mes limites réelles

Et Tu vas me faire plonger…

Tu as certainement des projets de malheur envers moi

La tentation m’accable, Tu m’as abandonné

Je suis ton souffre-douleur,

Je ne tiendrai plus bien longtemps !

Mais que fais-Tu donc, au secours Seigneur, au secours ! » 

            Il est bon de nous extérioriser ainsi, et de dire la vérité à Dieu sur nos incompréhensions et notre amertume, même si nous nous trompons dans nos raisonnements. Cette démarche n’est pas hypocrite. Dieu honore celui ou celle qui est vrai(e). Après avoir vidé notre cœur devant Lui, laissons-Le nous reprendre et nous faire du bien, renouveler nos forces, nous redonner espoir. Puis confessons notre péché de murmure et de révolte, retrouvons la paix et allons à nouveau de l’avant. L’abcès aura été crevé. Nous pourrons alors à nouveau nous nourrir de la Parole de Dieu et d’elle seule. 

 

La tendance à nous éloigner de Dieu

 L’apparition de souffrances dans nos vies peut dans un premier temps nous déstabiliser, au point que nous nous éloignons de Dieu, et adoptons alors des comportements bien spécifiques : 

 

C’est souvent dans le temps, avec l’aide de Dieu et de notre entourage, que nous intègrerons progressivement nos souffrances, que nous réussirons à modifier nos mauvais comportements, et à nous rapprocher à nouveau de Dieu. L’important est de ne pas nous culpabiliser à l’extrême, puis de réagir en faisant quelques progrès, même s’ils sont insignifiants au départ. Dieu nous fortifiera chaque jour pour aller plus loin et avancer, Il nous aidera aussi à nous relever.  

« Si Dieu te semble très loin... devine qui s’est éloigné... » (Auteur inconnu) 

 

La confrontation inhumaine avec l’injustice : quelques principes 

            Une souffrance considérée comme normale peut nous faire mal au point de nous déstabiliser fortement et  nous désarçonner. Mais la pire de toutes les souffrances est celle que nous considérons comme profondément injuste, et qui vient à nous insidieusement, par traîtrise… : avec cruauté, elle perturbe et casse notre cheminement de vie et tente de l’anéantir ; elle nous broie à cause d’un événement imprévu et soudain, parfois un mauvais jugement, un mot de travers, une erreur, un acte de jalousie, ou le comportement volontaire et grave d’une personne de notre entourage qui désire nous écarter. La souffrance injuste peut nous plonger dans une dépression réactionnelle, tenter de nous meurtrir au point de faire de nous un martyr. Dans notre esprit, elle est inacceptable, impardonnable, elle provoque une rupture et un refus. Par la suite, il nous faudra beaucoup d’humanité, de bonté, de patience, d’énergie, de compréhension, de tolérance, et d’esprit de miséricorde pour en venir à bout. 

L’injustice nous émeut particulièrement en ce qu’elle s’appuie sur ce qui n’est pas conforme à la vérité, sur l’iniquité, parfois le mensonge pur, l’inexactitude, la déformation de la réalité, sur l’inverse de la règle, de la morale, ou de la Parole de Dieu. Nous avons donc envie de rétablir la vérité à tout prix, mais parfois ne pouvons pas, ou nous ne sommes pas cru, ce qui augmente encore notre rage et notre douleur profonde. Et surtout si cette injustice nous est imposée par un chrétien ou un responsable spirituel [3] c’est le genre de souffrance qui nous désarme totalement, nous la  considérons souvent comme inutile, car elle nous est imposée d’une manière arbitraire, contre ce qui semble être la volonté de Dieu. 

La gestion des souffrances injustes s’apprend au quotidien et nécessite une grande force d’âme, ainsi que le désir de triompher quel qu’en soit le prix. Cela n’est pas donné à tout le monde... mais si nous appelons Dieu à l’aide, Il pourra nous aider à traverser et à surpasser ce genre de souffrance, car Il a Lui-même été constamment confronté à l’injustice au travers des hommes. L’histoire Biblique, l’histoire de l’Eglise sont balisées par les souffrances injustes subies par de nombreux hommes de Dieu. 

Voici quelques pensées personnelles qui peuvent nous aider à mieux gérer les souffrances injustes, alors que  nous avons cherché à rétablir la vérité, à changer l’événement, que cela n’a rien donné et qu’il nous semble impossible de faire marche arrière : 

·        je ne suis pas le seul dans ce cas, l’injustice atteint tout le monde un jour où l’autre,  les autres sont souvent visés gravement eux aussi : ils se relèvent malgré tout, je veux faire comme eux et retrouver ma sérénité et mon équilibre. Là est le plus important : ma sérénité et mon équilibre personnels. 

·        je ne veux plus fixer mes pensées uniquement sur cette injustice, et continuer à m’irriter, à me décourager à l’extrême, à me détruire, cela ne ferait qu’accentuer ma défaite et retarder mon rétablissement 

·        je veux choisir, trancher : ne pas rester dans la rébellion à cause de cette injustice, ne pas m’enfoncer dans l’amertume et la tristesse, et m’en sortir en décidant d’évoluer 

·        je vais prendre la décision d’accepter malgré tout de passer par là, d’intégrer cette épreuve injuste dans mon vécu, de perdre en partie, sans me culpabiliser ; je ne peux plus retourner en arrière, je veux avant tout regarder en avant, me protéger et apprendre à dépasser le sentiment d’injustice. Le fait que je perde une bataille ne veut pas dire que je vais perdre la guerre ! Je remporterai d’autres victoires, tout n’est pas fichu pour l’avenir. Tant pis pour ce que j’aurai perdu, je le passerai au compte « pertes et profits ». 

·        je veux transformer le mal en bien, apprendre à m’élever et à vaincre malgré l’affront inoubliable et « impardonnable » que j’ai subi 

·        ceux qui ont provoqué cette épreuve, et qui projettent de la boue sur moi, ont certainement les pieds dedans et s’enfoncent ; quant à moi, je veux garder les pieds propres et continuer à ne rien avoir à me reprocher, ne pas agir dans le même état d’esprit déplorable 

·        je veux laisser les choses basses mourir de leur propre poison, ne pas m’en occuper, ne pas me fixer sur elles, ne pas m’empoisonner à mon tour à cause d’elles 

·         je veux bénir les personnes à l’origine de mes souffrances, et non les maudire 

·        je veux pardonner pour ressembler à Jésus, Lui qui l’a toujours fait, et spécialement lorsque c’était au dessus de ses forces et impardonnable 

·        Dieu me fera justice,  je Lui laisse le soin de me défendre Lui-même : Il s’en occupera au moment qu’il jugera convenable, même si je dois attendre longtemps le rétablissement de la vérité. 

« Nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. »  (1 Jean 2:1) 

« Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère; car il est écrit: A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. »  (Romains 12:19)  

·        je veux occuper cette période de temps difficile en m’approfondissant par la lecture, la prière, l’écoute de Dieu : que voudrait-Il me dire ? 

 

La nécessité de retrouver une relation de confiance avec Dieu

 

Comment pouvons-nous réagir constructivement face à des souffrances qui reviennent en boucle, nous minent et fragilisent notre fidélité à Dieu ? Cela ne se fait pas en un jour, et c’est souvent au prix d’un long travail sur soi-même. Avec le temps, il nous faut arriver à nous plier, à prendre une décision dans le sens de la confiance, de la soumission aveugles à Dieu malgré l’épreuve, en nous souvenant que Jésus a dit : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime ». (Jean 14:21). Plus j’aime Dieu, plus je tiens longtemps dans la fidélité à sa Parole, malgré les souffrances. En parallèle il est nécessaire que je lutte constamment contre mes propres raisonnements qui me poussent à trahir Dieu et à m’endurcir contre Lui. 

Il est primordial aussi d’avoir d’autres pôles d’intérêt que celui de mon épreuve ; de ne pas regarder Dieu comme celui qui me fait souffrir, mais au contraire comme celui qui m’aide à traverser ma souffrance.  

Voici quelques exemples de paroles de confiance qui peuvent Lui être adressées : 

« Dieu, Tu es mon Père, je suis ton enfant, Tu ne saurais me conduire sur un chemin destructeur pour mon âme, Tu m’aimes (et ce, même si vous avez juste sous vos yeux tout ce qui a été détruit par votre épreuve)

Pardonne mon incrédulité, ma rébellion, mon insuffisance, mes péchés envers Toi, car la souffrance me fait retourner en arrière et retomber dans la tiédeur

Même si ma situation me semble fermée, voire perdue, Tu me tiens la main et c’est cela l’essentiel : Tu sais par où je dois passer, et quelles décisions je devrai prendre

Je choisis, malgré les événements contraires, de Te faire confiance, de ne pas m’écarter de Toi et de Ta Parole

Je crois que mes émotions douloureuses, mes déceptions et mes découragements n’annulent en rien la véracité et l’efficacité de Tes promesses envers moi, contenues dans Ta Parole, elles s’accompliront dans ma vie, même s’il y a un temps d’attente assez long

J’ai la foi que Tu vas m’aider, me donner la force pour supporter et traverser mon épreuve : à chaque jour suffit sa peine

Tu ne saurais m’éprouver au delà d’une certaine limite que Toi tu as fixée, j’ai confiance dans ton discernement à ce sujet

Je mets tout mon espoir en Toi, Tu sais mieux diriger ma vie que moi, en cette période d’épreuve et de trouble qui me secoue

Je veux rechercher Ta gloire en premier et non la mienne

Même si je vais mal, je sais que Tu vas bien et c’est l’essentiel : Tu restes fort, fidèle, et Tu me communiqueras Ta grâce pour aller mieux, tenir et persévérer

Tu as tellement souffert sur la terre en tant qu’homme, donc Tu sais me comprendre et m’aider avec patience et compassion

Tu es là, Ta présence me réconforte, Tu es un Dieu de victoire… Tu me rétabliras ! » 

La confiance est une clé qui ouvre beaucoup de portes, nous protège de l’endurcissement et de la révolte, et nous fait gagner du temps. La confiance en Dieu déclenche Son action dans notre vie.

« Recommande ton sort à l'Eternel, mets en lui ta confiance, et il agira. »  (Psaume 37:5) 

  

La puissance de la croix dans nos vies

             Il est important d’enseigner les chrétiens sur l’efficacité de la croix dans leur vie intérieure. Je l’ai déjà évoqué : si cet enseignement n’est pas abordé, et que l’on privilégie plutôt celui de « l’évangile de la prospérité » ou « du plaisir spirituel », un déséquilibre s’installe et devient préjudiciable pour l’avenir de nos églises. De nos jours, nous commençons déjà à en récolter les mauvais fruits : nous voyons se profiler une génération de chrétiens très fragiles, fuyant l’effort et la souffrance, l’engagement et la discipline, la stabilité et la persévérance. Elle veut acheter sans payer le prix, et récolter sans semer. Des œuvres chrétiennes, des associations, des églises souffrent parfois cruellement, et doivent réduire leur activité ou fermer car elles ne trouvent plus de volontaires pour la relève. Et pourtant l’armée est là… ! mais elle ne veut pas combattre, faute de combattants qui acceptent de souffrir et de prendre des risques. Ses soldats ne désirent pas s’engager dans une vie d’aventures, ils préfèrent quelquefois le confort et la rapidité d’une vie spirituelle servie… sur un plateau ; le service de Dieu n’est pourtant pas un self-service… ou l’on vit « à l’essai » ou en « union libre » ! 

            Des voix prophétiques doivent maintenant s’élever dans le Corps de Christ, et tirer la sonnette d’alarme, dans l’urgence. Des enseignants courageux et détachés d’eux-mêmes doivent désormais rétablir les bons fondements de la Parole, et parler avec profondeur et insistance de la puissance de la croix :  

« Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. » (Luc 14:27)

  

1.      La croix, instrument de malédiction 

Du temps de Jésus, la croix était un instrument[4] bien connu pour être celui du châtiment cruel et mortel infligé aux pires criminels, aux plus bas des esclaves, aux voleurs, aux fauteurs de troubles, et même, dans certaines provinces, selon le bon plaisir des gouverneurs, aux hommes justes et paisibles, et quelquefois aux citoyens Romains. La croix était un signe terrible de malédiction, comme l’est la chaise électrique ou l’injection mortelle actuellement encore aux Etats-Unis. 

2.      Jésus n’a pas eu peur d’utiliser - au figuré - cette image de la croix, instrument de malédiction, pour affirmer que : 

« Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n'est pas digne de moi. » (Matthieu 10:38)            

« Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. »  (Luc 9:23) 

L’image de la croix est forte, et assez violente. Aussi violente que si Jésus disait de nos jours aux chrétiens américains : « Celui qui ne prend pas chaque jour sa chaise électrique, son injection mortelle, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi ». Jésus choque en utilisant le terme de la croix, et ce n’est pas pour rien : en étant si catégorique et provocateur il désire montrer que son enseignement sur le renoncement et la souffrance est fondamental. Il désire aussi décourager à l’avance tous ceux qui l’admirent superficiellement, et qui parallèlement ne sont pas prêts à donner réellement leur vie pour lui. 

  1. Nous ne devons absolument pas faire l’économie de cette enseignement catégorique de Jésus, lorsque nous nous adressons aux chrétiens qui viennent de naître de nouveau et font leurs premiers pas avec  le Seigneur. C’est une nécessité, et ce serait les tromper, les leurrer que de leur taire cet aspect important de la vie chrétienne. Car, dit Jésus :

« Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera. » (Matthieu 16:25) 

  1. Nous, les enseignants, les pasteurs, nous avons évacué[5] progressivement la prédication de la croix, car nous avons subi l’influence de la philosophie de ce siècle, qui affirme par tous les moyens que vivre heureux sur cette terre, c’est vivre sans souffrance, sans contrainte, et donc sans la croix. En ayant ainsi évacué l’essentiel dans notre message évangélique, nous sommes sûrs de plaire au peuple, et de susciter un plus grand nombre d’engagements, de conversions rapides, qui du reste, et la réalité le prouve, ne parviendront pas toutes à maturité… Nous remplissons les bancs de nos églises, mais empêchons que des « héros de la foi » se lèvent.
  1. Nous récoltons maintenant ce que nous avons en partie semé : pas de prédication de la croix, donc pas de chrétiens vraiment profonds et forts, qui sont prêts à souffrir durant des années, à encaisser des coups, à persévérer sans rien voir, et pourquoi pas, à se rendre durant une vingtaine d’années sur un champ missionnaire en Afrique[6] ou ailleurs. Notre responsabilité est grande dans cette débâcle.
  1. Le résultat est peu encourageant. Le chrétien solide, obéissant et stable se sent minoritaire, seul et parfois incompris dans le Corps de Christ. Il est peu encouragé et soutenu spirituellement, entouré, aimé, aidé matériellement lui et sa famille, et à son tour, a envie de « jeter l’éponge ». Il rame, et quelquefois tourne en rond car il ne trouve pas toujours l’autre rameur qui à ses côtés ferait avancer la barque correctement avec lui, dans la même vision. A la longue, il peut même quelquefois se sentir culpabilisé d’obéir à Dieu, et entrer dans un état dépressif.
  1. Que veut dire Jésus, lorsqu’il parle de la nécessité de prendre chaque jour sa croix ? Il préconise d’accepter pratiquement au quotidien, de faire Sa volonté, et donc aussi de souffrir, d’être tenté, éprouvé, rejeté, incompris, humilié, calomnié, abaissé. Il nous invite à ne pas fuir les difficultés et à rester stable, chaque jour à son poste, malgré l’intensité et le nombre des souffrances. Car, comme le dit l’apôtre Paul,

« Je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand je suis faible, c'est alors que je suis fort. »  (2 Corinthiens 12:10)  

Dans Luc 9 : 23, Jésus affirme que pour Le suivre il y a deux actions distinctes à accomplir :

Le premier acte, c’est l’acceptation pratique du renoncement. Le rôle du renoncement, c’est de nous conserver, de nous garder faibles humainement, petits, humbles, dépouillés de nos ambitions et de notre égoïsme personnels. 

« Il faut qu'Il croisse, et que je diminue. » ( Jean 3:30)  

Le deuxième acte, c’est d’accepter de prendre chaque jour sa croix. Le rôle de la croix, c’est de nous faire grandir en accomplissant la volonté de Dieu. 

Le vase doit pouvoir rester vide (de ma vieille nature), et c’est le rôle du renoncement, pour pouvoir être rempli (de Jésus) en permanence, et c’est le rôle de la croix.  

·        Pour cela, Dieu va m’aider à renoncer à moi-même en permettant que ma vie propre soit perpétuellement « mise à mort », réduite à rien , anéantie, au travers d’événements, de situations, de personnes qui vont jouer ce rôle dans ma vie. Nous connaissons quelques-unes de ces personnes : le « frère rabot », « la sœur scie », la « tante tenaille », « l’oncle marteau » et « le cousin clou » de notre entourage proche, qui exercent parfois un brisement terrible dans nos vies, sans s’en douter !

·        Dieu va aussi m’aider à porter ma croix, en suscitant des événements, des personnes, ou un ensemble de signes qui m’aideront à discerner clairement quelle est la volonté de Dieu pour moi et à la pratiquer. Si je « prends ma croix », alors cela signifie que je décide d’obéir à la volonté de Dieu quel qu’en soit le prix. 

Dans tous les cas, je ne peux réellement vivre dans le renoncement et porter ma croix  par le seul intermédiaire de mes propres forces. Dieu doit continuellement m’aider à le faire, par Sa grâce. 

  1. Porter ma croix est un acte volontaire, ce n’est pas une obligation ou une contrainte. Jésus ne le fera pas à ma place, et Il me laisse libre de le faire ou non.

« Puis Jésus dit à tous: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. » (Luc 9:23)            

Selon ce verset, si nous désirons faire partie des proches de Jésus, trois actes volontaires sont même nécessaires en permanence : renoncer à nous-mêmes, nous charger de Sa croix, et Le suivre. 

Renoncer à nous-même, c’est refuser de faire notre volonté propre. Nous charger de Sa croix, c’est décider de faire Sa volonté à Lui.

Le renoncement, c’est lutter contre ; porter sa croix, c’est lutter pour. Dans ces deux actions, il y a d’abord souffrance, puis libération, bénédiction et joie. Le troisième acte volontaire consiste à suivre Jésus, et donc à rester le regard fixé sur Lui, en ne le quittant pas des yeux, et en lui emboîtant toujours le pas de la manière la plus fidèle et stable possible. Tout ceci est réalisable si nous restons sous le joug… 

  1. Aimer ma propre vie, aimer ma famille plus que Dieu est un obstacle au renoncement à moi-même, et ne me permet plus à la longue de porter ma croix, et donc d’accomplir la volonté de Dieu :

« Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. » (Jean 12:25)  

« Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait[7] pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » (Luc 14:26) 

D’autres textes nous montrent aussi que l’amour excessif de l’argent, et de tout ce qui est matériel, est un obstacle au renoncement.  

  1. A propos de la croix, Jésus utilise encore une autre image : le grain de blé qui meurt

« En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. »  (Jean 12:24) 

Le grain de blé mis en terre reste immobilisé, et est apparemment improductif. Personne ne le voit plus, il meurt à son état premier, et demeure caché pendant tout un temps. On pourrait penser à ce stade : « mais quel gâchis ! ». Cependant le grain conserve son potentiel de vie : la terre qui l’entoure, et aussi l’humidité, la lumière, la température, vont le faire renaître sous une autre forme : celle d’une tige, puis d’un épi, contenant à l’intérieur de lui-même la capacité de redonner la vie d’une manière plus généreuse encore. Cette comparaison de notre vie à un grain de blé rejoint totalement la nécessité de renoncer à soi-même et de porter sa croix pour produire encore plus de fruit dans la vie chrétienne, et particulièrement dans le service de Dieu. 

  1. Les apôtres utilisent aussi l’image du baptême, comme étant un enterrement, pour évoquer la nécessité du renoncement et de la présence constante de la croix dans la vie du croyant :

« Ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l'a ressuscité des morts. »  (Colossiens 2:12)  

Paul évoque un ensevelissement, une image forte pour évoquer la mort à soi-même qui attend chaque chrétien  dans son vécu quotidien. Lors de notre baptême nous nous engageons formellement à renoncer à nous-même, et à porter notre croix.  

Paul parle aussi de la crucifixion du moi, de la crucifixion du vieil homme et de la chair, avec ses passions et ses désirs, et d’être sans cesse livré à la mort : 

« J'ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi. »  (Galates 2:20)  

« Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché »  (Romains 6:6) 

« Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. »  (Galates 5:24)  

« Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. »  (2 Corinthiens 4:11)            

Le but est que la vie de Jésus soit manifestée au travers de nous. 

 

Faire jaillir des sources dans la vallée de Baca 

« Heureux ceux qui placent en toi leur appui ! Ils trouvent dans leur cœur des chemins tout tracés. Lorsqu'ils traversent la vallée de Baca, ils la transforment en un lieu plein de sources, et la pluie la couvre aussi de bénédictions. Leur force augmente pendant la marche, et ils se présentent devant Dieu à Sion. »  (Psaume 84:5 à 7) 

            La vallée de Baca, à l’époque de la Bible, était une vallée[8] de Palestine qui portait vraisemblablement ce nom car elle était couverte d’arbustes résineux. Ces arbustes, qui portaient aussi le nom de « baka », étaient connus pour la sorte de baume qui coulait d’eux. « Baka », en hébreu, signifie pleurer, verser des larmes. La « vallée de Baca », dans le psaume 84 écrit par les fils de Koré, représente donc la « vallée de l’ombre de la mort », ou la « vallée des larmes » et évoque la traversée de souffrances pénibles.

            L’enseignement du psalmiste, ici, est très profond. Il fait encore appel à notre responsabilité, pour rendre notre souffrance féconde : 

·        lorsque nous traversons la vallée des larmes, de la souffrance et des pleurs, notre mission est de la transformer peu à peu en un lieu plein de sources, et donc de creuser dans les profondeurs de notre être pour en faire jaillir ce qui peut désaltérer ou porter du fruit. Pour trouver ces sources le psalmiste dit que les chemins sont tout tracés.

·        nous avons donc quelque chose à faire dans le temps ; nous ne pouvons pas rester toujours passifs, découragés, ou même simplement attendre que Dieu écarte notre épreuve.

·        par définition, une source représente un point d’émergence à la surface du sol, avec de l’eau emmagasinée à l’intérieur. L’image est particulièrement intéressante et représente le potentiel en richesses intérieures de notre propre cœur.

·        l’épreuve que nous traversons peut faciliter, si nous y travaillons, l’émergence de ce qui est le plus caché et secret à l’intérieur de nous. Si nous sommes profonds, il sortira de nous des choses profondes, qui nous désaltéreront nous et notre entourage. Si nous sommes superficiels, il sortira de nous des choses superficielles.

·        il n’est pas parlé ici d’eaux amères ; elles ne seraient pas potables. Nos eaux intérieures doivent devenir pures, claires, fraîches. Dieu peut nous y aider.

·        notre mission est de faire jaillir PLEIN de sources, d’où la nécessité d’opérer un travail sur nous-même sur plusieurs fronts à la fois : la patience, l’humilité, la soumission, la remise en question, la repentance, la sanctification, la réflexion, l’acquisition de la sagesse, etc.

·        une bénédiction supplémentaire viendra ensuite du ciel : c’est la pluie qui arrosera la vallée par le haut. Les sources feront remonter l’eau par le bas : c’est l’image de notre travail intérieur d’approfondissement personnel durant l’épreuve. Les cieux feront descendre la pluie par le haut. C’est l’onction de Dieu qui confirmera notre obéissance, et enverra Sa grâce au beau milieu de la sécheresse de l’épreuve.

·        la conséquence est que notre force va augmenter pendant la marche. Nous serons désaltérés par le bas et par le haut. L’épreuve est toujours destinée à nous fortifier, et non à nous affaiblir ou à nous détruire. Nous en ressortirons plus profonds, plus courageux, plus forts et tenaces, et davantage en relation avec Dieu au point de nous « présenter devant Lui à Sion »… 

Si dès le début de notre épreuve, nous essayons à tout prix de placer en Dieu notre appui, alors nous trouverons dans notre cœur, à force de creuser, les éléments nécessaires pour poursuivre notre route avec Jésus, dans une victoire progressive. Cela ne se fera pas sans hésitations, ou doutes, incompréhensions, rechutes parfois. Mais cela se fera quand même, et par la grâce seule de Dieu qui nous y aidera. 

 

Souffrance et sanctification 

« Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. »  (Hébreux 12:14)   

Beaucoup d’épreuves ont pour but de nous faire grandir intérieurement, et de nous transformer à l’image de Jésus-Christ. Elles sont là pour notre sanctification. Tel un sculpteur ou un vigneron, Dieu taille et enlève ce qui gêne dans nos vies. J’aime beaucoup cette citation de Paul Claudel, qui figure en début de ce livre : 

« Le sculpteur ne fabrique pas une sculpture, il enlève ce qui la cachait » 

Le sculpteur, lorsqu’il se promène dans la nature, voit déjà au premier coup d’œil ce qu’il fera d’un morceau de bois ou d’un fragment de rocher. C’est un visionnaire, un artiste. Tous les artistes sont des visionnaires. Ils travaillent par inspiration et voient à l’avance le résultat approximatif de leur travail, dans une sorte de flash. Durant des jours et des jours, à force de coups de burin, de marteau, de pinceau, de stylo, d’archet, ils arrivent ensuite à réaliser l’impossible, en se laissant guider par leur intuition. Ils savent se montrer patients, concentrés, tenaces, mais ont souvent un caractère insaisissable, distrait, le caractère très particulier aux artistes. Certains hommes de science, certains architectes, cinéastes, écrivains, musiciens, peintres, sont devenus des artistes exceptionnels, on dit d’eux qu’ils sont vraiment « doués » : ainsi devraient être beaucoup de chrétiens dans la manifestation de leurs dons : des artistes pour Dieu, des visionnaires, à l’image de Dieu qui les a créés.  

Si durant notre épreuve, nous avons la certitude confiante que ce que « Dieu le Sculpteur » fait est bon, alors même si nous avons mal, nous resterons serein et deviendrons capables d’intégrer progressivement le bénéfice de cette épreuve. Et plus tard, en apercevant le travail « titanesque » que Dieu a réalisé dans notre vie intérieure, nous nous réjouirons avec Lui du résultat.  

Dieu est un architecte extraordinaire, Il a déjà la vision de ce qu’Il réussira à accomplir dans notre vie, avant d’en débuter le chantier. Mais nous, à l’inverse, nous n’en avons pas du tout la connaissance, la vision ou l’idée ! alors nous nous mettons à geindre dès que l’épreuve commence à nous atteindre et que les premiers « tracto-pelles » entrent en action ; nous paniquons, nous crions bien vite à la catastrophe à cause de notre douleur : nous aurions besoin d’apprendre à devenir confiants, et plus « visionnaires ».  

Lorsque la souffrance nous atteint, nous savons par expérience qu’elle nous transformera soit en bien, soit en mal. Si nous décidons d’appuyer totalement notre vie sur Dieu avec confiance, nous avons de surcroît une merveilleuse assurance : Dieu pourra aussi tourner le mal en bien, comme dans le cas de Joseph, fils de Jacob, qui dut traverser un « parcours du combattant » d’une bonne vingtaine d’années parsemées d’épreuves terribles et toujours injustes. Notre cheminement deviendra presque toujours plus positif et fécond, même le plus cruel… 

Revenons maintenant à la relation entre sanctification et souffrance. Se sanctifier, c’est se rendre saint. C’est faire tous nos efforts pour ressembler à Jésus. Cela ne s’accomplit pas sans difficulté. Nous ne pouvons que partiellement le réaliser par nous-même, car nous sommes limités et instables ; nous n’arrivons pas à changer et à rester changés. L’apôtre Paul le confirme en s’exclamant : 

« Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair: J'ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. »  (Romains 7:18-19)   

Bien souvent nos efforts personnels répétés demeurent vains, car nous sommes peu enclins par nature au changement. Alors Dieu, tel un sculpteur et un vigneron, nous fait constamment passer par son école divine, sa formation céleste, et nous fait emprunter des chemins de renoncement et de souffrance, afin de nous aider à nous transformer. 

Si nous captons l’œuvre de sanctification que Dieu désire opérer dans nos vies, alors nous y apporterons notre collaboration. Ayons cette intelligence d’accompagner Dieu dans cette oeuvre qu’Il accomplit en nous, et ne résistons pas constamment, en défaisant ce qu’Il est en train de faire, et en nous rebellant parce que nous avons mal. Ainsi nous nous mettrons avec succès sur les bancs de « l’école de la sanctification ». 

 

Souffrance et tentation 

            La tentation est l’attrait vers une chose défendue, ou qui risque de nous faire mal et de nous détruire, malgré le plaisir ressenti. Une tentation crée souvent le désir et l’envie, et incite à céder. Les publicitaires l’ont bien compris, qui font miroiter quotidiennement devant nos yeux les meilleurs atouts des produits qu’ils désirent vendre à tout prix, même si nous n’en avons aucunement besoin. Et ils gagnent par la séduction. 

Céder à la tentation de faire le mal est un péché. Mais la tentation en elle-même n’en est pas un. Jésus a été tenté comme nous, mais en est ressorti vainqueur. Aussi est-Il bien qualifié pour nous aider à vaincre nos propres tentations, quelles qu’elles soient : 

« Car, ayant été tenté lui-même dans ce qu'il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés. »  (Hébreux 2:18)   

Dans le désert, juste au début de son ministère, Jésus a souffert quarante jours et quarante nuits des tentations terribles, et Il est ressorti vainqueur : 

-         par le jeûne

-         par l’utilisation active de la Parole de Dieu

-         et par une autorité farouche contre  le diable 

 « Jésus répondit: Il est écrit: L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Matthieu 4:4) 

« Jésus lui dit: Il est aussi écrit: Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu. »  (Matthieu 4:7)   

« Jésus lui dit: Retire-toi, Satan! Car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. »  (Matthieu 4:10)   

Dans le jardin de Gethsémané, avant d’être livré à ses ennemis, Jésus souffre atrocement. Il est tenté de fuir, de se dérober à son devoir, et demande à Son Père s’il lui est indispensable de passer par la mort de la Croix et de souffrir à ce point : 

« Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi: Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »  (Matthieu 26:39)  

La beauté de ce moment réside dans le fait que Jésus reste très naturel et transparent, Il ne désire pas cacher qu’Il a horreur de ce genre de souffrance, tout en laissant le choix à Son Père de trancher. Autrement dit, si nous suivons cet exemple, il nous est permis de dire à Dieu : « Dieu, si vraiment tu peux m’éviter de passer par là, alors fais-le ; mais si tu vois que c’est indispensable que j’y passe, alors maintiens cette chose ». Ce n’est pas un péché de parlementer ainsi avec Lui. Lorsque la réponse définitive tombe, alors il nous faut obtempérer. « Toutefois, non pas ce que je veux, Seigneur, mais ce que Tu veux. » 

Sur la Croix, Jésus dira : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » (Matthieu 27 : 46) Et en effet, dans l’instant présent où Il prononce ces paroles, Il est réellement abandonné par Son Père. Ceci ne veut pas dire que Dieu nous abandonnera à notre tour au moment le plus dur de notre épreuve ! L’abandon de Jésus par Son Père avait ici un but précis : il s’agissait d’une substitution, Jésus était abandonné à notre place, Il payait le prix de notre abandon, pour que nous n’ayons pas à le subir dans l’avenir. 

Pour ne pas céder à la tentation, Jésus donnera une recette à ses disciples, et c’est en quelque sorte sa « botte secrète » : 

« Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible. »  (Matthieu 26:41)   

Il évoque aussi le cas de ceux qui succombent facilement à la tentation, car ils n’ont pas assez de racines en eux-mêmes. Ils manquent de profondeur : 

« Ceux qui sont sur le roc, ce sont ceux qui, lorsqu'ils entendent la parole, la reçoivent avec joie; mais ils n'ont point de racine, ils croient pour un temps, et ils succombent au moment de la tentation. »  (Luc 8:13)   

L’apôtre Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, nous fait découvrir deux choses : 

·        les tentations qui nous sont imposées ont des limites, et c’est Dieu qui les fixe (il faut croire que Job était un homme très solide, car les limites de ses tentations, de ses épreuves étaient très reculées)

·        toute tentation imposée au chrétien est accompagnée de la force pour la vaincre, et c’est à lui de la saisir. 

« Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter. »  (1 Corinthiens 10:13)   

Le passage par nos nombreuses tentations et épreuves sur cette terre aura une récompense finale,  la couronne de vie : 

« Heureux l'homme qui supporte patiemment la tentation; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment. »  (Jacques 1:12)   

L’apôtre Jacques examine aussi en détail le mécanisme de la tentation, et en donne les étapes. Il y a attirance, amorce, conception, enfantement, consommation puis mort. 

« Que personne, lorsqu'il est tenté, ne dise: C'est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu'elle a conçu, enfante le péché; et le péché, étant consommé, produit la mort. »  (Jacques 1:13 à 15) 

La gestion de nos tentations quotidiennes est souvent inégale et représente un certain lot de souffrances. Tout dépend du lieu où nous nous trouvons, des personnes que nous côtoyons, et de l’état de fragilité dans lequel nous nous trouvons. Vivre dans un entourage exclusivement non-chrétien demeure une porte ouverte pour des difficultés supplémentaires, de nombreuses luttes et tentations, et donc des souffrances. 

La victoire sur la tentation est aussi la victoire de la souffrance sur la souffrance. Le péché « consommé » produit d’abord dans la majorité des cas un plaisir certain, puis, immanquablement la souffrance[9] arrive, même si c’est avec retard - parfois des années après. Lorsque nous résistons à la tentation du péché, c’est l’inverse qui se produit : nous éprouvons d’abord un état de privation et de souffrance, puis par la suite, un état de bien-être profond et de joie sereine. Et c’est alors la merveilleuse victoire du bien sur le mal. 

 

Souffrance et trahison 

« C’est de la confiance que naît la trahison »   (proverbe arabe) 

« L’amour supporte mieux l’absence ou la mort que le doute ou la trahison. »

(André Maurois – Ecrivain français) 

« Alors on vous livrera aux tourments, et l'on vous fera mourir; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se trahiront, se haïront les uns les autres. »  (Matthieu 24:9-10)            

            Il est maintenant nécessaire d’évoquer les cruelles souffrances provoquées par la trahison de la part de personnes que nous aimions beaucoup. Jésus a été trahi par ceux qui étaient les plus proches à son service : Judas, Pierre et les autres disciples. Il a accepté avec beaucoup de compréhension et d’amour, et sans murmure, de passer par là. Il a même dit à Judas, devant tous : « Ce que tu fais, fais-le promptement. » (Jean 13:27).  

            Seul l’apôtre Jean, l’apôtre de l’amour, reste fidèle jusqu’au bout à Jésus, soit un pourcentage d’un seul sur douze disciples. Nous aussi, comme Jésus, nous serons peut-être trahis par un proche de notre entourage et – le comble - qui oeuvre dans le service de Dieu : préparons-nous à cette éventualité. 

La trahison est le geste d'une autre personne vis-à vis de nous,  lorsqu'il est vécu ou interprété comme brisant la loyauté de notre relation. Pour qu'il y ait trahison, il faut qu'il y ait déjà un lien de fidélité existant entre elle et nous. Avoir le sentiment d'être trahi me ramène automatiquement aux ententes explicites ou implicites qui existaient entre moi et la personne qui m'a trahi, avant son acte. Cela me permet de constater que je comptais sur le fait que l'autre resterait solidaire de cette entente. La trahison arrive toujours comme une surprise. Elle rompt la confiance, elle rompt un contrat et un pacte. On ne se sent jamais trahi par quelqu'un à qui on ne faisait pas confiance. 

En conséquence, on peut considérer que le sentiment d'être trahi sert à nous annoncer que nous étions dans une erreur d’appréciation en faisant autant confiance à cette personne. Il s'agit d'une invitation à réviser notre évaluation de la situation et à nous réajuster pour tenir compte d'une solidarité moins importante que prévu. 

Le fait d’être trahi par une personne que nous aimions beaucoup et à qui nous étions très soudé soit par un fort lien affectif, soit par des intérêts importants, élargit davantage la plaie de notre blessure, mais ne signifie pas que nous avons eu tort de l’apprécier et de l’aimer, de nous lier avec elle et de lui confier une responsabilité. La trahison est comme un poignard que nous recevons en plein milieu du dos, par derrière ; c’est comme une alarme stridente qui retentit brutalement, et dont nous allons devoir trouver la signification. Est-ce par ma faute que j’ai été trahi ? ou uniquement par la faute de l’autre ? Quelle est la tierce personne qui est peut-être intervenue ? Comment recoller les morceaux ? Comment adapter rapidement une solution pour remplacer le vide qu’il laisse derrière lui ? Comment faire face à cet acte brutal et traumatisant, qui va bouleverser totalement mon vécu au quotidien ? Que vont penser les autres ? 

            Lorsque je suis trahi, je me trouve devant plusieurs réactions difficiles à gérer : j’ai de la haine, de la rage envers l’autre et j’ai envie de le maudire, je n’arrive pas à lui pardonner et à le libérer de mes pensées. Je ressens une culpabilité. J’ai du mal à garder mon calme, je suis choqué et en colère, et risque de prononcer des paroles dures et injustes, ou des injures qui élargiront notre blessure commune et entraîneront en contrepartie d’autres paroles injustes de sa part. Et ce sera alors une escalade sans fin de médisances et de calomnies. J’estimerai ensuite qu’il a une dette envers moi, et aurai envie de rompre totalement la relation avec lui s’il n’a aucun désir de revenir sur ses décision et de se repentir. 

Accepter de gérer positivement les trahisons dont nous sommes encore victimes est un signe de maturité et de croissance. Un nombre important de trahisons pourrait-il devenir le signe que nous avons de lourdes remises en question à effectuer ? Le temps qui passe nous le fera découvrir. 

 

Souffrance et persécution 

«  Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. » (Jean 16 : 33) 

« Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. »  (2 Timothée 3:12)  

La Bible avertit que la piété entraîne des persécutions de la part de ceux et celles qui ne nous comprennent pas. Persécuter signifie : « opprimer par des mesures tyranniques et cruelles, importuner sans cesse, harceler quelqu’un, s’acharner sur lui, chercher à le brimer ». Ce sont toujours des souffrances difficiles à supporter, qui suscitent une certaine révolte en nous, car il y a une grande perte de temps, d’énergie, et surtout lorsque nous avons la preuve que nos adversaires se trompent et nuisent à l’œuvre de Dieu au travers de nous. 

La persécution nous afflige d’autant plus profondément que nous ne pouvons rétablir la vérité, et devons accepter de rester dans l’humiliation durant de longues périodes. Elle est d’autant plus cruelle que son auteur est un chrétien ou un responsable spirituel… 

La réponse d’un chrétien face à la persécution doit être de bénir ceux et celles qui en sont à l’origine, de les supporter avec patience, et de les aimer. Cela, c’est « l’idéal ». Il n’est jamais facile et nécessite une grâce particulière venant de Dieu : notre vieille nature nous poussera toujours à nous venger verbalement ou physiquement, en rendant coup pour coup, directement ou par intermédiaire. Conseil personnel : renoncez à votre susceptibilité, ne vous préoccupez pas de ceux qui vous persécutent sans cesse, démontrez-leur qu’ils ont tort en n’ayant pas le même état d’esprit qu’eux. Ne répondez pas à leurs provocations, à leurs outrages qui sont souvent des pièges, adoptez le comportement de Néhémie[10] lorsqu’il rebâtissait les murailles de Jérusalem. Le but de Satan au travers de vos persécuteurs est de vous détourner de Dieu et de son œuvre, de vous rendre soucieux, angoissé, indisponible pour le service. Certaines persécutions sont le fait de transferts[11]. Libérez-vous de cette emprise ! 

« Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. »  (Romains 12:14)  

« Nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains; injuriés, nous bénissons; persécutés, nous supportons »  (1 Corinthiens 4:12)  

            La persécution, les épreuves, peuvent représenter un obstacle infranchissable pour certaines personnes, qui feront brutalement « machine arrière » et cesseront de croître spirituellement et humainement, à cause de la souffrance. 

« Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c'est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie;  mais il n'a pas de racines en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute. »  (Matthieu 13: 20-21) 

            L’apôtre Paul, quant à lui, se plaît dans les persécutions, car elles lui permettent de rester faible humainement, et fort spirituellement. Jésus semble indiquer aussi la joie dont nous devons nous parer lorsque nous sommes persécutés :  

« C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand je suis faible, c'est alors que je suis fort. »  (2 Corinthiens 12:10)  

« Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. »  (Matthieu 5:11)  

« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux! »  (Matthieu 5:10)  

“La vraie foi a besoin de conditions favorables - je dis bien favorables - de persécution et d’épreuves. » (Andrès Noriega) 

 

Souffrance et combat spirituel 

Il y a Dieu et il y a le diable : ne le prenons pas à la légère. Il est nécessaire d’évoquer ici les souffrances occasionnées au chrétien par sa confrontation avec le monde des esprits, et donc de parler du combat spirituel. Ces souffrances ne sont pas souvent décrites ni répertoriées dans des ouvrages, on est parle peu, mais elles sont bien réelles, et ressenties d’autant plus douloureusement que celui qui les perçoit est doué d’une grande sensibilité naturelle, avec un caractère émotionnel. 

Elles ne sont pas le fruit de l’imagination. La gestion des souffrances purement spirituelles s’apprend, comme on apprend à gérer ses souffrances lorsqu’on est sur un lit d’hôpital, ou en dépression nerveuse, ou face à un traumatisme lourd, ou face à des persécutions importantes d’adversaires humains acharnés. 

De même que nous pouvons ressentir la douleur dans notre corps et dans notre psychisme, nous pouvons aussi la ressentir dans notre esprit. Watchman Nee affirme dans « L’homme spirituel », que l’esprit humain est composé de la conscience, de l’intuition et de la « communion ». Autrement dit, tout ce qui nous permet d’être en communion avec un autre esprit, tout ce qui est du domaine de la conscience, ou de l’intuition concerne la vie de notre esprit. 

A notre conversion, le St-Esprit est venu faire sa demeure en nous, et a débuté une sorte de cohabitation avec notre propre esprit. La rencontre  et la relation entre les deux entités[12] ont pu simultanément apporter apaisements, délivrances et guérisons, mais aussi conflits, luttes intestines, oppositions permanentes, à cause de nos résistances personnelles. L’adversaire de notre âme, Satan, s’en est aussi certainement mêlé en essayant de s’opposer vivement à notre amour pour Dieu. 

Mais quelles sont donc les souffrances ressenties à l’intérieur de notre propre esprit ? Ce sont toutes celles qui concernent notre conscience, notre intuition, mais aussi la communication ou la communion de notre être avec d’autres esprits (l’esprit des autres personnes de notre entourage, l’Esprit de Dieu ou parfois les esprits sataniques, qui sont bien réels). La culpabilité ou la tranquillité intérieure, l’assurance ou le doute, la joie ou la tristesse, l’unité ou la division, la quiétude ou l’angoisse, la paix ou l’opposition sont souvent engendrés au travers de notre conscience, de notre intuition et de notre faculté de communion spirituelle. 

Les confrontations dans notre esprit sont comparables à celles qui se déroulent sur un ring. Deux adversaires se combattent perpétuellement : le meilleur gagne. Il y a Dieu et le diable qui se disputent la prééminence, dans un combat spirituel acharné ! Lequel est le « menteur » ? 

Les souffrances qui sont purement liées au combat spirituel sont souvent ressenties sous forme d’agressions et d’oppressions physiques ou psychiques éprouvantes, d’angoisses et de peurs, de fatigues et de maux divers, de somnolence ou au contraire d’insomnies, de mauvaises pensées, d’incapacité provisoire de prier, de découragements, de sautes d’humeurs, d’obsessions et de tentations en tout genre, de désirs de division. Physiquement, une accélération des battements du cœur peut s’observer, quelquefois des maux de tête, des contractions musculaires, des sueurs froides, des douleurs diffuses, des crises d’angoisse, de l’asthénie. 

Ces souffrances sont très diverses et revêtent toutes le même caractère : elles sont injustifiées et inexpliquées, irrationnelles, imprévues, se déguisent sous une forme trompeuse et arrivent bien souvent pour contrecarrer l’œuvre puissante et magnifique que Dieu veut opérer. Elles amplifient aussi les souffrances déjà présentes humainement ou latentes. Elles sont souvent d’origine satanique, et liées au monde des esprits. 

Et puis citons l’existence des féticheurs, envoûteurs et jeteurs de sort, des sorciers qui sont des instruments pour transmettre des malédictions aux autres, au nom de Satan, le prince des ténèbres ; les satanistes lui rendent un culte, et lui offrent des sacrifices humains. Leur influence à tous peut aussi directement nous plonger dans des attaques spirituelles, comme c’est le cas fréquemment pour certains missionnaires qui exercent leur ministère en Afrique. Il faut prendre ce genre d’attaques très au sérieux et réagir. 

L’apôtre Paul nous enseigne que nous n’avons pas d’abord à lutter contre des ennemis de chair, mais contre des ennemis spirituels. Bien sûr,  ce sont des esprits invisibles, ce qui peut susciter la méfiance ou la moquerie lorsque l’on affirme qu’ils existent et que l’on en parle ouvertement. 

« Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. »  (Ephésiens 6:12)  

Que nous le voulions ou non, que vous le croyions ou non ne change rien à la chose. Un jour, nous nous trouverons probablement confrontés à des phénomènes dits « paranormaux » inexplicables, dont le film « L’exorciste » présente un exemple d’échantillons[13]. Si vous êtes un chrétien rempli du St-Esprit, vous ressentirez des oppressions physiques et psychiques bien spécifiques face à ces phénomènes, qui sont tout simplement les souffrances occasionnées par la confrontation de votre esprit avec les esprits méchants dont parle la Bible, les démons. Si vous voyagez en Afrique, vous croiserez aussi des sorciers et vous rendrez compte de leurs pouvoirs réels. Vous ressentirez les oppressions spirituelles liées à leurs agissements et leurs pratiques occultes. 

L’apôtre Paul décrit toutes les armes dont devrait se revêtir un chrétien, afin de tenir ferme contre le diable et ses démons[14]. L’apôtre Pierre invite à une résistance acharnée contre lui, et ne met aucunement en doute son existence : 

« Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde. »  (1 Pierre 5:8-9) 

« Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable » (Ephésiens 6:11)  

« C'est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté. »  (Ephésiens 6:13) 

« Prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin »  (Ephésiens 6:16)  

En tant que chrétiens, nous devons autant que possible apprendre à gérer nos souffrances spirituelles dans l’équilibre. C’est une école. Nous ne trouverons pas facilement un conseiller équilibré qui saura nous orienter vers des solutions concrètes. La question est importante et mérite ici une série de réflexions et de propositions : 

Ø      nous devons d’abord être au clair sur l’existence de l’activité du diable et des démons. C’est un fait incontournable, sans lequel nous ne pourrons aller plus loin et faire des progrès. Croire en la victoire absolue de Dieu, c’est aussi croire à la contestation incessante de Satan, mais aussi, bien sûr, à sa défaite absolue. La principale force du diable est de faire croire qu’il n’existe pas, ou qu’il peut nous vaincre. 

Ø      nous devons aussi apprendre à nous rapprocher de Dieu et de Sa présence dans la prière, nous soumettre à Lui en confessant nos péchés. « Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable, et il fuira loin de vous. » ( Jacques 4:7). Plus nous sommes proches de Dieu, plus nous sommes logiquement  loin du diable, car les deux camps sont diamétralement opposés. 

Ø      nous devons nous former à connaître nos armes spirituelles et à nous en servir une par une : c’est une expérience que nous devons acquérir à tout prix (lisez le chapitre 6 de l’épître de Paul aux Ephésiens). Il est bon aussi de savoir discerner le nom ou l’identité de la puissance spirituelle qui nous attaque. 

Ø      nous devons développer notre autorité contre les forces du mal, mais toujours en nous plaçant sous la protection de celle de Dieu. Exerçons-la « au nom de Jésus » et non en notre nom propre. 

Ø      nous devons aussi apprendre à combattre parfois seul, parfois en groupe, et toujours en développant deux qualités : la patience et le discernement. Certains combats spirituels peuvent durer longtemps, et ne pas dévoiler leur origine immédiatement. Le jeûne est utile au combat spirituel, s’il est utilisé avec bon sens et discernement, et sans excès. 

Ø      l’expérience des victoires que nous remporterons nous encouragera à aller plus loin, et à remporter d’autres victoires. Nous devrons accepter de passer aussi par quelques défaites, et les transformer pour affiner davantage notre discernement et développer notre résistance à l’ennemi. Perdre une bataille ne signifie pas perdre la guerre. 

Ø      le « senti – ment ». Notre ressenti ne correspond pas toujours à la réalité des choses. L’adversaire se plaît à mettre sur nous des fardeaux, des émotions qui sont des leurres et des mensonges. Apprenons à appuyer notre discernement sur la Parole de Dieu en premier, et non sur ces émotions ; laissons-nous aider et guider par ceux et celles qui sont plus anciens dans l’expérience de la vie spirituelle, et se sont laissés qualifier et former par Dieu : ils nous épauleront volontiers si nous leur posons des questions et leur soumettons nos difficultés personnelles relatives à ce combat. 

Ø      certaines angoisses, certains états dépressifs, certaines fatigues, certaines neurasthénies, certaines maladies psychosomatiques ou purement physiques sont parfois liées à des interventions de Satan dans nos vies. Ce sont des souffrances dont nous devons discerner la nature, et dont nous devons refuser la présence lorsque nous en avons découvert l’origine spirituelle certaine. Après discernement, il faudra entamer un combat spirituel, dans le but de chasser toute présence de l’ennemi en nous ou autour de nous. Et si notre discernement est juste et adapté, la délivrance interviendra. Attention, nous ne sommes pas des médecins, nous pouvons constater des guérisons, mais ce n’est pas à nous de dire aux malades de ne plus  continuer à suivre leur traitement médical ou non. C’est à eux, en relation et accord avec leur médecin traitant, de prendre une décision dans ce sens, après que leur guérison ait été constatée.. 

Ø      n’acceptons jamais de débuter le cas échéant une séance d’exorcisme seul. Réunissons d’abord des chrétiens affermis autour de nous, qui n’ont pas peur du diable, et dont quelques-uns ont l’expérience des exorcismes. Confessons à voix haute la valeur et l’efficacité du sang de Jésus-Christ versé à la Croix de Golgotha, et la protection de Dieu. Puis exerçons l’autorité, en groupe. 

Ø      si nous avons des combats spécifiques contre le diable, et qu’ils provoquent en notre être intérieur de telles souffrances que nous n’arrivons plus à faire face et à gérer, prenons rendez-vous avec un responsable spirituel qui a une grande expérience du combat spirituel. Faisons-nous aider par lui. 

Ø      plus nous sommes un être émotionnel, intuitif et sensible, plus nous percevrons les attaques spirituelles en nous ou autour de nous. C’est éprouvant, fatigant, et nécessite une dépense d’énergie importante. Les personnalités peu sensibles, plutôt rationnelles et froides perçoivent moins les agissements et influences du diable. 

Ø      si des attaques et oppressions spirituelles persistent malgré que nous ayons exercé notre autorité de croyant, seul ou en groupe, alors prenons patience. La solution sera peut-être de ne plus nous polariser sur elles, de les ignorer en continuant notre activité normale, et d’attendre qu’elles fassent comme par un temps d’orage : s’éloigner d’elles-mêmes. Si Satan veut attirer votre attention sur lui, faites l’inverse : préoccupez-vous d’abord de Dieu. Et ne voyez pas le diable partout ! 

Ø      c’est un fait : à la Croix de Golgotha, il y a deux mille ans, Jésus a vaincu définitivement le diable et ses démons. Ne doutez jamais de ce fait ; confessez-le régulièrement, et jetez-le à la face de l’ennemi toutes les fois où il vous assaille. N’acceptez pas de vous laisser dominer par lui. 

« Jésus a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix. »  (Colossiens 2:15) 

Ø      le combat spirituel du chrétien fait partie de sa vie quotidienne. Il est normal. Si vous avez des combats spirituels, c’est que votre obéissance à Dieu gêne l’adversaire de votre âme. Prenez plutôt cela comme un bon signe, un honneur, même si vous expérimentez quelques défaites. Satan n’attaque jamais une personne qui ne le mette pas en danger. 

Ø      fixez votre attention uniquement sur Jésus, mais jamais sur vos combats spirituels. En veillant à cela, vous vous éviterez bien d’autres combats… et vous resterez équilibrés. La seule façon d’amaigrir un adversaire, c’est de ne plus lui donner à manger… 

Nous ne sommes pas résistants comme…

La grenouille, qui peut jeûner un an.

La vipère, 20 mois.

Le serpent à sonnette, 27 mois.

Le boa, 28 mois

Le scorpion 3 ans… !

 

Souffrance et pardon 

            En enseignant à ses disciples qu’il ne faut jamais juger les autres, aimer ses ennemis et les pardonner sans répit quel que soit ce qu’ils ont fait de grave, Jésus leur demande d’accomplir l’impossible humainement. Le pardon ne se trouve pas vraiment dans la nature humaine et Il le sait. Il sait que le cœur des hommes est d’abord tourné vers la rancune, l’amertume et la soif de vengeance. Que les hommes ruminent et ressassent sans cesse - sous forme de fixations mentales - les torts qu’ils ont subis durant des années. 

« Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent »  (Matthieu 5:44)   

            Le pardon, c’est un acte de maturité : le fruit se détache de l’arbre. Il est important de savoir que le pardon n’est pas d’abord un acte émotionnel. Je ne pardonne pas parce que je sens que j’en ai envie[15], mais parce que je veux imiter Jésus-Christ et vivre comme Lui. Pardonner, c’est décider de remettre une dette et de solder un compte, c’est un acte libérateur ; c’est effacer l’ardoise. C’est renoncer à se venger en quoi que ce soit. C’est accepter la souffrance causée par l’injure, le rejet, l’injustice, la méchanceté, et la dépasser en renonçant à compenser par la haine ou le désir de destruction. Le pardon, en grec, signifie : lâcher, laisser aller. C’est un deuil qui implique que j’accepte que personne ne pourra vraiment comprendre ce que j’ai vécu, si ce n’est Dieu. 

            Sur la Croix, au moment où Jésus ressentait le poids de toutes les souffrances des hommes et de leurs injustices envers Lui, au moment où Il perdait tout Son sang, Il prit deux décisions qui forcent notre extrême admiration : 

-         Il pardonna aux hommes de l’avoir rejeté et crucifié

-         Il demanda à Son Père de leur pardonner aussi 

« Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche. Jésus dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. Ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort. » ( Luc 23:33-34)  

Il devint le modèle et le précurseur du pardon. Et il en fixera Lui-même les limites : l’impardonnable n’existe pas ; nous devons pardonner à tout moment, et en toute occasion, même s’il y a récidive de la part de celui ou celle qui a fauté :           

« Alors Pierre s'approcha de lui, et dit: Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi? Sera-ce jusqu'à sept fois?  Jésus lui dit: Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois. »  (Matthieu 18:21-22) 

Pardonner n’est jamais facile, car on a le sentiment de perdre un combat et de se faire avoir. Mais c’est une souffrance qui libère de la souffrance celui qui pardonne, et celui qui est pardonné. Le pardon libère également de nouvelles bénédictions sur les deux parties dans les lieux célestes, et leur permet d’établir un pacte de réconciliation. 

Quelqu’un a dit : « Pardonner, c’est se souvenir pour mieux oublier. » C’est la vérité. Pardonner, c’est se souvenir dans les détails de tous les torts qui nous ont été faits, des douleurs qui nous ont été causées, pour mieux y renoncer et s’en séparer au moment du pardon. Ce n’est pas refouler dans le subconscient le souvenir de ce qui a été fait contre nous, mais bien l’inverse : l’affronter, laisser sortir sa violence et son amertume, puis décider de rendre le mal sans vie pour le futur, en pardonnant : cet acte est libératoire. C’est aussi accepter désormais que des conséquences parfois irréparables perdurent, et tirer un trait. Le plus difficile sera d’accepter que mon offenseur ne saura jamais l’ampleur du mal qu’il m’a fait, et n’en aura pas vraiment la pleine mesure. Par la suite, je dois accepter de revêtir ma nouvelle identité, celle qui est souvent défigurée et abîmée par le mal subi, et essayer de guérir. 

Sans pardon, plus personne ne se parlerait. Il n’y aurait plus aucun habitant sur cette terre, car la haine aurait tout détruit. Sans pardon, nous n’aurions pas de Sauveur en Jésus-Christ : Dieu aurait coupé les ponts en estimant que l’être humain a commis l’impardonnable. Refusons donc de devenir des instruments de non-pardon ! 

Souffrir en décidant de pardonner, c’est se libérer en agissant à l’opposé de celui qui nous a offensé, et lui montrer une voie par excellence : l’amour. C’est lui montrer le chemin vers la non-récidive de ses actes. 

« Le pardon, c’est sacrifier sa vengeance[16] ». 

« Si tu rends le mal pour le mal, tu ne répares pas le mal, tu le redoubles. »[17] 

 

Les souffrances que nous font traverser d’autres chrétiens 

            Parmi les souffrances qui nous révoltent le plus, il y a celles que nous font traverser d’autres chrétiens, que ce soit volontairement ou non de leur part. Elles occasionnent souvent un blocage terrible dans notre propre cœur, une fixation dans nos pensées, au point que nous ressassons toujours les mêmes raisonnements négatifs. Avec le temps nos blessures s’élargissent, notre mécontentement s’affirme et gronde, l’amertume grandit et nous ne désirons pas pardonner à nos adversaires le mal qu’ils nous ont fait, car ils sont chrétiens, et eux, « ils auraient dû savoir ce qui est écrit dans la Parole de Dieu : leur culpabilité est donc encore plus grande ! ». 

            Nous devons arriver à leur pardonner et à tourner la page, même et surtout s’ils sont chrétiens. Voici quelques arguments en faveur d’une réconciliation et d’un pardon : 

« Car le jugement est sans miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement. »  (Jacques 2:13) 

« L'Eternel rétablit Job dans son premier état, quand Job eut prié pour ses amis; et l'Eternel lui accorda le double de tout ce qu'il avait possédé. »  (Job 42:10) 

« Supportez-vous les uns les autres avec charité,  vous efforçant de conserver l'unité de l'esprit par le lien de la paix. »  (Ephésiens 4:2-3) 

« S'il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. »  (Romains 12:18)  

« Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de divisions parmi vous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment. »  (1 Corinthiens 1:10)

Philippe Auzenet

Cette étude sur la souffrance est un chapitre extrait du livre "Ta souffrance peut devenir féconde" (Auteur : Pasteur Philippe Auzenet) publié en 2002 par les Éditions Dorcas (Toulouse - France) - Pour commander le livre (256 pages), écrire à REFUGE - 57 rue de la Perdrière - 53000 - LAVAL (France) ou envoyer un email à villederefuge@topchretien.com (9€ + port). Ce livre est protégé par un copyright. Tous droits de reproduction interdits sans l'autorisation de l'auteur.


[1] Ephésiens 4 : 13

[2] la Bible du Semeur traduit : « et mettez-vous à mon école »

[3] alors la souffrance est plus vive, car elle est provoquée par quelqu’un qui aime Dieu et devrait donc avoir un minimum de discernement éclairé…

[4] cet instrument fut emprunté aux Phéniciens

[5] d’une manière bien souvent inconsciente, et en désirant ne pas choquer

[6] le problème de la relève est très cruellement ressenti chez nos amis missionnaires, en Afrique.

[7] Haïr, ici, a le sens de « mettre en second ». Jésus veut dire : « Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne me préfère pas à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »

[8] probablement la vallée des Rephaïm

[9] « Car le salaire du péché, c'est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. »  (Romains 6:23) 

[10] lisez le livre de Néhémie situé dans l’Ancien Testament

[11] lire à ce sujet la partie de ce livre qui traite et éclaire le problème des transferts : « Les comportements négatifs face à la souffrance : la victimisation - le transfert »

[12] la Bible affirme que le St-Esprit est une personne.

[13] il faut être très accroché à son fauteuil pour arriver à voir ce film, que nous déconseillons aux âmes sensibles et fragiles.

[14] lire Ephésiens 6

[15] d’ailleurs, la plupart du temps je n’en ai jamais envie…

[16] « Le pardon » – Editions Autrement

[17] propos de Lanza del Vasto


                      

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